La vie de Cassandre Électre Keras commence en Grèce, à Néa Ródha, Khalkidhiki, le 07 septembre 1995. Si elle semblait avoir tout pour être heureuse, des parents aimants dans un cadre idyllique de la Grèce, le malheur frappera très tôt la petite Cassandre. Tandis qu’elle est âgée de deux ans seulement, ses parents, Alexandros et Maria, meurent dans l’incendie de leur maison. Exceptionnellement, Cassandre était chez une amie de la famille pour laisser un peu de temps à ses parents, c’est ce qui sauva sa vie. Cassandre reste plusieurs années supplément en Grèce, dans une institution publique de l’État. La perte de ses parents lui ôtera à jamais le sourire, bien qu’elle était encore jeune, le manque est incroyablement présent, et grandissant au fil des années. Aujourd’hui, il ne lui reste de ses parents qu’une photo avec elle alors qu’elle avait un an, l’un des coins est brûlé et a corné légèrement la photo.
L’année de ses huit ans, l’orphelinat dans lequel vit Cassandre est visité par deux diplomates américains, Adam Davenport et son épouse d’origine grecque Eugénia Davenport. Tous les enfants se retrouvent autour des deux personnalités, et écoutent Eugénia raconter une histoire dans sa langue natale : le grec. S’il n’était pas du tout prévu que le couple américain adopte un enfant cette fois-ci, comme ils le firent au cours d’un précédent voyage, Eugénia ne peut s’empêcher de remarquer une petite fille solitaire, qui n’est pas venue écouter l’histoire qu’elle racontait. Très intriguée, elle qui a l’habitude de voir les enfants se ruaient vers elle, Eugénia interroge la responsable au sujet de cette petite, et elle n’oubliera jamais la réponse. « Cela fait six ans aujourd’hui que ses parents sont morts dans l’incendie de leur maison. Tous les ans, Cassandre reste seule et elle ne dit pas un seul mot de la journée. C’est étonnant qu’elle ait fait ça même lorsqu’elle avait trois ou quatre ans… C’est comme si elle avait toujours su. » L’avion que les Davenport doivent prendre pour rentrer à Détroit décolle le soir même, mais à l’hôtel Eugénia refuse soudainement de prendre cet avion. Depuis qu’ils sont partis de l’orphelinat, Eugénia ne peut s’empêcher de penser à cette petite Cassandre, et elle se retrouve en elle, des années plutôt, dans ce même orphelinat. Tandis qu’Adam semble chercher à la raisonner pour qu’ils se rendent à l’aéroport, Eugénia insiste jusqu’à obtenir gain de cause. « Je veux parler à cette petite ! » Parce qu’il sait que discuter ne servira plus à rien – le ton est clair et sans négociation possible – et parce qu’il aime sa femme par-dessus tout, Adam cède à son caprice, et annule leur réservation. C’est ainsi que le lendemain Eugénia se rend de nouveau à l’orphelinat pour parler à Cassandre. Tandis que tous les autres enfants sont en train de jouer dehors, Cassandre est restée à l’atelier peinture pour finir ce qu’elle a commencé. Eugénia vient alors s’asseoir en face d’elle, et commence à lui parler dans sa langue maternelle « Bonjour, je m’appelle Eugénia. » Cassandre lève les yeux vers elle, et semble la juger du regard, comme si elle n’était pas certaine de pouvoir lui parler sans risque. « Bonjour, moi c’est Cassandre » finit-elle par répondre. Les deux discutent durant un long moment, puis les heures passent sans qu’elles ne s’arrêtent et elles sont finalement rejointes par Adam Davenport, qui n’ignore rien de ce que sa gemme va lui dire, il la devance même. « Tu veux l’adopter, n’est-ce pas ? »
Le temps de la procédure un peu long, et quelques mois plus tard, Cassandre est officiellement adoptée par les Davenport, mais la petite gardera tout de même le nom de famille de ses parents biologiques. Lorsqu’elle en aura envie, elle pourra prendre le nom Davenport si elle le désire, mais jamais ils ne lui demanderont de le faire. Lorsqu’elle arrive à Détroit, Cassandre est un peu perdue. Une ville comme Détroit ne ressemble en rien à la petite vie paisible qu’elle avait à l’orphelinat en Grèce. Le temps du vol Eugénia a eu le temps de lui expliquer qu’ils ont déjà adopté un autre enfant quelques années auparavant : Mikàlis Kostas-Davenport, lui aussi grec, elle pourra donc sans problème parler avec lui le temps de se faire à l’anglais. Avec son aide, et celle d’Eugénia, Cassandre apprend petit à petit l’anglais, et la première année très difficile à l’école est vite oubliée pour la petite fille. Elle parvient alors à s’intégrer, et à se faire des amis, elle grandit plus proche que jamais de son frère et de ses parents adoptifs, dont elle n’a toujours pas pris le nom de famille.

Les années passent sans que rien ne perturbe la nouvelle vie de Cassandre. Certaines choses changent, tandis que d’autres restent. Chaque année, Cassandre continue de demeurer silencieuse le jour de la mort de ses parents biologiques, elle continue à écrire des notes pour elle-même en grec, le parle très souvent avec Mikàlis. Elle a depuis retrouvé le sourire, et la joie de vivre, elle profite de chaque instant, et appelle même Adam et Eugénia papa et maman, quand bien même à dix-sept ans, elle n’a toujours pas pris leur nom de famille. Chaque année pour les vacances, toute la famille retourne en Grèce, et passe un peu de temps dans cet orphelinat, d’où Eugénia, Mikàlis et Cassandre sont issus.